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« Souvenez-vous de mon nom! » En 1631, Rembrandt Harmensz van Rijn fait ses premières armes sur le marché de l’art amstellodamois.
Dans sa ville natale de Leyde où il impressionne les amateurs d’art par son brio et son inventivité, l’artiste de 25 ans s’est déjà taillé une réputation d’enfant prodige. Une fois à Amsterdam, Rembrandt a une brillante idée pour se démarquer sur le marché de l’art hautement concurrentiel: son prénom deviendra sa marque.
On a peine à le croire, mais au milieu du XVIIe siècle, les Pays-Bas comptaient un peintre pour 650 habitants. La demande pour les œuvres d’art était énorme.
Toujours à la recherche de nouveaux talents, le marchand d’art Hendrick van Uylenburgh invite Rembrandt à s’établir à Amsterdam où il l’engage pour peindre des portraits. Avec ses réseaux commerciaux internationaux, la ville prospère obéit aux lois d’un marché libre capitaliste. Les œuvres d’art sont des produits recherchés, et le vaste public qui achète ces pièces ne se limite pas à la riche classe marchande; à Amsterdam, même les artisans et les commerçants acquièrent des œuvres d’art.
« Oui, il arrive souvent qu’un cordonnier ou un forgeron accroche un tableau dans son échoppe ou sa forge. Ces […] inclinaisons pour la peinture font la joie des natifs de ce pays. »
Peter Mundy, 1640 Voyageur britannique
Les réseaux commerciaux de ce pays de navigateurs s’étendent à la grandeur de la planète. La présence ici de deux courtiers coiffés de turbans témoigne de la portée internationale des activités commerciales. Un rayon de soleil frappe les hommes, mettant en relief la nature mondiale des transactions qui s’y déroulent.
« Dans cette maison [la Bourse], le monde entier se réunit pour négocier. On y trouve (...) des marchands de Pologne, de Hongrie ainsi que des Italiens, des Français, des Espagnols, des Moscovites, des Perses et des Turcs, voire même des Indiens et des étrangers venus d’autres pays. »
Filip von Zesen, 1664 Poète allemand, Beschreibung der Stadt Amsterdam (Description d’Amsterdam)
Conscient des possibilités que lui offre la peinture de portait, Rembrandt se fait un nom sur le marché de l’art.
Marchands ambitieux et riches bourgeois – chacun veut se faire peindre par le nouveau venu. En peu de temps, Rembrandt devient l’un des portraitistes les plus courus de la ville. Ses portraits, empreints d’une vitalité et d’une personnalité inédites, assureront au jeune peintre et graveur une clientèle durable.
Profondément émouvants et toujours empreints de mystère, les tableaux de Rembrandt ne cessent jamais de nous surprendre. Ils montrent les gens sous leur vrai jour, avec toutes leurs particularités. Rembrandt dira lui-même que son art vise à rendre « le geste dans son expression la plus naturelle et la plus convaincante possible ».
Rembrandt n’entend toutefois pas se limiter au portrait. Présent sur tous les fronts, il affiche une époustouflante polyvalence artistique.
Avec une production annuelle de 70 000 tableaux, le marché de l’art néerlandais atteint un niveau vertigineux. Mais comment les artistes de la République des Provinces-Unies parviennent-ils à livrer ainsi qualité et quantité?
À partir du milieu des années 1600, la République des Provinces-Unies est le plus riche pays d’Europe. Amsterdam, une métropole trépidante, abrite le plus grand port de marchandises sur le continent, d’où rayonnent les routes de commerce maritime dans le monde entier.
« Je regardais avec étonnement les quantités phénoménales de marchandises expédiées de l’étranger, la robustesse des navires innombrables [...]. »
Caspar Barlaeus, 1632 Historien néerlandais
La République des Provinces-Unies occupe un territoire relativement petit. Elle ne couvre guère plus qu’une bande côtière habitée par une population peu nombreuse et ne produit que quelques matières premières. Mais grâce au commerce extérieur mondial, la jeune nation acquerra une puissance et une richesse formidables.
Quelle ascension fulgurante! Au temps de Rembrandt, la population, la production artistique et les découvertes scientifiques connaissent une véritable explosion à Amsterdam. La ville devient un creuset d’idées et d’influences venues des quatre coins du monde.
En 1665, Commelin publie l’ouvrage Beschryvinge van Amsterdam [Descriptions d’Amsterdam]. La femme assise qu’on aperçoit sur la page titre est l’Amstel-Maghd (Vierge d’Amsterdam), un symbole de la ville.
Un plan d’Amsterdam de 1664 est accroché au mur. Il montre comment le noyau urbain, avec son réseau de canaux distinctif, s’est rapidement étendu en à peine une génération.
Entre 1600 et 1662, la population d’Amsterdam passe de 40 000 à 210 000 habitants. Les guerres, la pauvreté ainsi que les persécutions religieuses et politiques poussent des dizaines de milliers d’Européens à venir s’établir dans la République des Provinces-Unies. Les immigrants espèrent s’y bâtir une vie à l’abri des contraintes des régimes absolutistes et des dogmes religieux, notamment à Amsterdam où règnent un marché du travail dynamique et une relative tolérance religieuse. Des étrangers venus d’autres parties du monde affluent aussi dans la ville.
Les voisins de Rembrandt proviennent de toutes les régions du globe. L’artiste vit sur la Breestraat (aujourd’hui Jodenbreestraat et Sint Antoniesbreestraat) dans le quartier juif traditionnel. Ses dessins et tableaux reflètent cet environnement cosmopolite.
Naviguer vers des contrées lointaines : du vivant de Rembrandt, la République des Provinces-Unies devient une puissance coloniale.
De grands navires jettent l’ancre dans le port d’Amsterdam, chargés de marchandises exotiques. Leurs drapeaux orange, blanc et bleu signalent leur appartenance à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC en néerlandais). Fondée en 1602, cette puissante entreprise commerciale aurait été la première société de capitaux de l’histoire. Épices des Indes, thé et soie de la Chine, pierres précieuses du Siam (l’actuelle Thaïlande), le réseau commercial de la VOC s’étend d’Amsterdam jusqu’au Pacifique, à l’autre bout du monde.
L’art de Rembrandt est, lui aussi, intrinsèquement lié à l’histoire coloniale européenne. Dans ses images, on découvre des objets de partout dans le monde.
Rembrandt a peint cette esquisse à l’huile sur un panneau de jequitibá, un bois tropical. Ce dernier provenait de la colonie de Nouvelle-Hollande dans le nord-est du Brésil, où on l’utilisait pour la construction de caisses destinées au transport du sucre. Les artistes se servaient des caisses mises au rebut comme support bon marché pour leurs tableaux.
Cette estampe est exécutée sur un fin papier asiatique, une matière précieuse acheminée en Europe par les routes du Pacifique. Des objets du quotidien, œuvres d’art et naturalia (spécimens naturels) venus de pays lointains étaient vendus en tant qu’objets de curiosité et quiconque entendait briller dans la société néerlandaise en possédait au moins une petite collection.
Le portrait par Rembrandt de son ami Abraham Francen montre l’apothicaire entouré de pièces de sa collection d’art. La figurine sur la table, probablement originaire de Chine, est une image cultuelle associée à la religion taoïste. Elle est placée juste à côté d’un petit triptyque sacré, qui faisait aussi partie du cabinet de curiosités de Francen.
Rembrandt connaît un tel succès à Amsterdam qu’il est bientôt en mesure d’ouvrir sa propre affaire. Il donne son nom à un grand atelier, qu’il dirige comme s’il s’agissait d’une entreprise commerciale.
Les marchands fortunés, dont beaucoup se sont enrichis grâce au commerce maritime mondial, s’arrachent les œuvres de Rembrandt. En 1634, ce dernier fait le geste décisif qui lui permettra d’accéder à son indépendance professionnelle : il se joint à la guilde amstellodamoise de Saint-Luc, l’association officielle des artistes.
Ce rare objet historique, un jeton de la guilde ayant appartenu à Rembrandt, est parvenu jusqu’à nous. L’adhésion de l’artiste à la guilde de Saint-Luc lui donne le droit de diriger son propre atelier et de former des apprentis. Grâce à ses activités d’enseignement auprès des jeunes artistes et à la vente aussi bien de leurs œuvres que des siennes, Rembrandt atteint un haut niveau de productivité. Il acquiert richesse et influence, non seulement en tant qu’artiste, mais aussi comme entrepreneur.
« L’atelier de Rembrandt regorgeait d’innombrables jeunes gens de bonne famille, qui venaient chercher auprès de lui un enseignement théorique et pratique. Chacun lui versait 100 florins par année. »
Joachim von Sandrart, 1675, vol. 2, livre 3 Artiste et historien de l’art allemand, Académie teutonique
L’atelier de Rembrandt est une entreprise florissante. Tandis que le maître étend stratégiquement son influence sur le marché de l’art, son visage devient une marque de fabrique reconnaissable.
Le visage de Rembrandt n’apparaît pas seulement dans ses autoportraits; l’artiste prête aussi ses traits à des portraits de composition (où il incarne une figure mythologique ou historique) et même à des études de caractères appelées tronies (têtes), alors très prisées sur le marché de l’art.
La « marque Rembrandt » remplit une fonction stratégique. Elle propose un style pictural reconnaissable et des thèmes non conventionnels.
Rembrandt et ses élèves se spécialisent dans des scènes poignantes des récits de l’Ancien Testament. Prenons par exemple la répudiation d’Agar (Gn 21,9−14). Rembrandt s’inspire de la version de son maître Pieter Lastman pour créer sa propre interprétation dans une eau-forte. L’atelier de Rembrandt en produira de nombreuses variantes. Leurs tableaux sont reconnus pour leur chaleur, leurs tons terreux et leurs clairs-obscurs dramatiques.
Une mère et son jeune fils sont expulsés dans le désert: Ce thème dramatique est conçu d'une nouvelle manière et il devient rapidement très populaire sur le marché de l’art amstellodamois.
Les œuvres produites par Rembrandt et ses élèves donnent parfois l’impression d’être toutes de la même main. Aujourd’hui, la paternité de ces tableaux fait souvent l’objet de débats entre spécialistes. Telle œuvre a-t-elle été exécutée par Rembrandt ou par l’un de ses élèves? Or, les « Rembrandt » accrochés dans les musées du monde n’ont pas tous été créés par le maître lui-même. La marque Rembrandt ne se définissait pas par le travail d’un seul homme, mais par celui d’une entreprise tout entière dotée d’une « identité corporative ».
Rembrandt était un graveur de génie. Il déploiera toutes les habiletés graphiques dans ses dessins et estampes, notamment dans ses eaux-fortes.
Un autoportrait constitué d’un millier de lignes: Rembrandt se représente sous les traits d’un modeste graveur absorbé dans l’exécution d’une eau-forte. Rien n’évoque la célébrité de l’artiste et entrepreneur. Quelle image est-il en train de dessiner sur la plaque? La perspective adoptée, en contre-plongée, bloque notre champ de vision. Ici, la créativité du spectateur est sollicitée au même titre que celle de l’artiste, qui fait naître des images sorties de son imagination.
L’art de la ligne était cher à Rembrandt. La qualité exceptionnelle de son travail de graveur ne peut toutefois faire oublier que la plupart des eaux-fortes et gravures étaient encore produites par l’« usine artistique » de la République des Provinces-Unies.
Certaines estampes tirées par un éditeur se vendaient le prix d’une saucisse et, comme les saucisses, étaient vendues sur les étalages des marchés, tandis que d’autres atteignaient des prix record dans les foires et les ventes aux enchères. Alors que beaucoup d’entre elles étaient produites en masse, Rembrandt imprimera des tirages limités de ses délicates eaux-fortes, que collectionneront de son vivant des connaisseurs passionnés.
« Sa gravure à l’eau-forte tient beaucoup de sa manière de peindre. Elle est expressive et spirituelle […]. »
Roger de Piles, 1715 Historien et théoricien de l’art français, Abrégé de la vie des peintres
La pièce aux cent florins, probablement l’eau-forte la plus célèbre de Rembrandt, est l’objet de nombreuses légendes. Elle aurait atteint la valeur marchande de cent florins, soit une somme cent fois supérieure au prix alors demandé pour une estampe de qualité moyenne. Une estampe rare de Rembrandt pouvait coûter aussi cher qu’un grand tableau.
La pièce aux cent florins de Rembrandt est l’une des images les plus abouties de l’histoire de l’art européen. À ce jour, l’œuvre conserve une part de mystère. Que savons-nous à son sujet?
Le Christ prédicateur apparaît ici comme un dieu guérisseur et un héraut de la vérité, et les gens sont attirés vers lui comme vers un aimant. La lumière semble émaner directement de Jésus. L’exécution de La pièce aux cent florins, avec ses subtils clairs-obscurs, aura très certainement posé d’immenses défis techniques à Rembrandt. Un dense réseau de hachures alterne avec des zones laissées entièrement vierges.
Dans La pièce aux cent florins, on découvre aussi des « têtes » qui rappellent le réformateur protestant Martin Luther et le théologien Érasme de Rotterdam. Le personnage de Paul, la figure la plus près du Christ, pourrait également être fondé sur des représentations du philosophe antique Socrate. Cette œuvre d’art impressionnante nous invite à réfléchir à la religion, à l’éthique et à la vérité.
Les hommes en discussion derrière le mur pourraient représenter les savants pharisiens. Rembrandt s’est inspiré de l’effigie d’Homère, le poète de l’Antiquité, pour le personnage à l’extrême gauche de la composition.
De la planche au papier: On peut tirer plusieurs impressions d’une même eau-forte. Ce portrait montre le marchand et éditeur d’estampes amstellodamois Clement de Jonghe.
De Jonghe acquiert fièrement 74 des 300 planches de cuivre que Rembrandt produira au total. Comme éditeur, il tire probablement de nouvelles impressions de ces planches pour les vendre. Mais à titre de collectionneur passionné, il chérit vraisemblablement ces pièces qui proviennent directement de la main de Rembrandt.
Homme aux multiples talents, Rembrandt était perçu de son vivant comme l’exemple parfait de l’« artiste universel ».
Rembrandt couvre toute la gamme des genres artistiques: il produit des portraits, des paysages et des compositions dramatiques sous forme de dessins, d’estampes et de tableaux. Mais son talent ne s’arrête pas là. Il sait aussi rendre certains aspects impalpables et fugaces de la réalité: la lumière, l’ambiance, les conditions atmosphériques et toutes les nuances de l’expression humaine. C’est précisément cette habileté qui lui vaudra la réputation d’« artiste universel » dans la République des Provinces-Unies du XVIIe siècle.
« Cette canaille de Rembrandt est un puissant idéaliste qui fait rêver et deviner au-delà. »
Charles Baudelaire, 1864 Poète et critique d’art français
Rembrandt était un conteur de talent. Il condensait en une seule scène des récits complets et créait des images à la fois novatrices et saisissantes.
Souvent, les tableaux de Rembrandt dérangent ou horrifient le spectateur. Toutefois, malgré leur puissance émotionnelle, ils sont aussi parfois empreints de tendresse et de mystère. Rembrandt cultive les nuances, l’ambiguïté et l’ironie cachée, notamment dans le traitement des expressions faciales chez l’humain.
David joue de la harpe pour le roi Saül, vieillissant, qui souffre de dépression – « assailli par un mauvais esprit », comme le dit la Bible. L’épisode de l’Ancien Testament (1 Sam 16,14−23) représenté ici par Rembrandt se résume à une seule scène, mais le petit tableau raconte toute l’histoire tumultueuse entre les deux hommes. L’expression faciale de Saül en dit long. Elle révèle, chez ce roi amer et triste, une telle émotion à l’écoute de la tendre harpe de David qu’il en oublie momentanément sa mélancolie. Mais elle traduit aussi son envie, sa méfiance et sa colère. Ces sentiments que Saül nourrira un jour à l’endroit de son jeune rival, le futur roi David, sont déjà annoncés par Rembrandt dans son traitement touchant du visage du roi.
« C’était le grand tableau de Rembrandt, L’Aveuglement de Samson qui m’a effrayé, torturé et fasciné. [...] c’était un témoignage tout à fait effrayant. »
Elias Canetti, 1978 Écrivain bulgaro-britannique, Histoire d’une vie : Le Flambeau dans l’oreille dans Écrits autobiographiques, trad. Michel-François Demet, Paris, Albin Michel (La Pochotèque)
Une vision d’horreur. Devant cette scène cruelle, on peut être tenté de détourner les yeux. Rembrandt dépeint l’histoire du héros biblique Samson et s’attarde plus particulièrement à mettre en image le brutal aveuglement. L’artiste éprouve ici les limites de ce que l’on peut représenter et regarder dans un tableau.
Pour le poignard, Rembrandt s’est inspiré d’un objet indonésien. La lame courbée et le petit personnage sur la poignée nous indiquent qu’il s’agit d’un kriss, une arme originaire de l’île de Java.
Rembrandt représente ce Philistin dans un costume « à l’orientale » en velours rouge avec peau de léopard et pantalon bouffant. Il évoque ainsi le spectre de l’ennemi, tel que le conçoivent probablement ses contemporains. La moustache, notamment, rappelle peut-être aux spectateurs néerlandais les soldats de l’armée de l’Empire ottoman tant redoutés.
Rien n’est plus ennuyeux qu’un paysage? Pas chez Rembrandt, dont les représentations de la nature sont une véritable immersion dans les conditions météorologiques et atmosphériques. Chaque phénomène – vent, pluie et déplacement des nuages – devient visible.
« Rembrandt van Rijn: imagine ses propres règles de peinture […] il ne visita pas l’Italie, ni d’autres lieux, où l’on apprenait les antiques et la théorie de l’art. »
Joachim von Sandrart, 1675 Artiste et historien de l’art allemand, Académie teutonique, vol. I, livre 2
Rembrandt reste fidèle à sa vision. Il ne cède pas aux fluctuations du goût en matière d’art.
À l’image de la culture de consommation actuelle, le marché de l’art amstellodamois était en constante évolution. Ce qui est apprécié un jour ne l’est déjà plus le lendemain. Au milieu du XVIIe siècle, les goûts changent rapidement. Une tendance venue de France commence à s’imposer aux Pays-Bas: l’art inspiré des canons de l’Antiquité classique gagne en popularité. Avec sa palette plus claire et ses formes nettes, l’art classique est très éloigné de la manière de Rembrandt.
Diane et ses nymphes de Rembrandt se démarque non seulement par sa composition, mais aussi par son contenu. L’artiste a réuni deux récits de la mythologie antique dans la même image, ceux du chasseur Actéon et de la nymphe Callisto. Personne ne l’avait fait avant lui.
Dans le tableau de Rembrandt, Callisto apparaît dans une scène provocante à forte charge sexuelle. Mises au courant de sa grossesse, les suivantes de Diane jettent violemment Callisto au sol où elle gît, le corps à moitié exposé. Ses compagnes se retournent contre elle – une nymphe debout derrière elle la montre du doigt en riant. Les femmes présentent des visages grimaçants.
Rembrandt était un artiste, un entrepreneur et une marque hors du commun. Sur le marché de l’art, il excellait dans tous les genres et son travail fascinait les acheteurs d’art d’Amsterdam. Mais après deux décennies couronnées de succès, il connaîtra des temps difficiles. L’évolution des goûts précipitera son déclin économique, puis sa ruine.
Pourtant, jamais son art ne tombera dans l’oubli. Originalité, innovation et mystère, le génie de Rembrandt continue aujourd’hui de nous subjuguer.
Un homme est assis sur un tonneau, les jambes écartées. C’est un critique d’art. Il agite avec arrogance sa pipe vers des portraits soumis à son analyse tandis que des observateurs sont suspendus à ses lèvres. Mais Rembrandt l’a affublé d’oreilles d’âne. Ce dessin satirique incisif de Rembrandt mérite un examen attentif.
Dans le coin inférieur droit du dessin, un artiste se soulage au moment où le critique rend son verdict. Rembrandt exprime clairement ce qu’il pense des critiques du temps!
Copyright 2021 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
« Oui, il arrive souvent qu’un cordonnier ou un forgeron accroche un tableau dans son échoppe ou sa forge. […] », Peter Mundy, 1640, cité: The Travels of Peter Mundy, in Europe and Asia, 1608-1667: Volume IV: Travels in Europe, 1639-1647, ed. by Sir Richard Temple abd Lavinia Anstey, Cambridge 1907-1925, trad. Städel Museum.
« Dans cette maison [la Bourse], le monde entier se réunit pour négocier. On y trouve […] », Filipp von Zesen, 1664, cité: Filip von Zesen, Beschreibung der Stadt Amsterdam, 1664, p.. 232f, trad. Städel Museum.
« Je regardais avec étonnement les quantités phénoménales de marchandises expédiées […] », Caspar Barlaeus, 1632, cite: Caspar Barlaeus, The Wise Merchant, ed. Anna-Luna Post, trad. von Corinna Vermeulen, Amsterdam: Amsterdam University Press, 2019, p. 73, trad. Städel Museum.
« L’atelier de Rembrandt regorgeait d’innombrables jeunes gens de bonne famille, […] », Joachim von Sandrart, 1675, cité: Joachim von Sandrart, Teutsche Akademie, Vol II, Buch 3, 1675, p. 326, trad. Städel Museum.
« Sa gravure à l’eau-forte tient beaucoup de sa manière de peindre. Elle est expressive et spirituelle […] », Roger de Piles, 1715, cité: Roger de Piles, Abrégé de la vie des peintres, 1715, p. 421.
« Cette canaille de Rembrandt est un puissant idéaliste qui fait rêver et deviner au-delà. », Charles Baudelaire, 1864, cité: Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, 1868, p. 87.
« C’était le grand tableau de Rembrandt, L’Aveuglement de Samson qui m’a effrayé, torturé et fasciné. », Elias Canetti, 1987, cite: Le Flambeau dans l’oreille dans Écrits autobiographiques, trad. Michel-François Demet, Paris, Albin Michel (La Pochotèque).
« Rembrandt van Rijn : imagine ses propres règles de peinture […] il ne visita pas l’Italie, ni d’autres lieux, », Joachim von Sandrart, 1675, cite: Joachim von Sandrart, Teutsche Akademie, Vol II, Buch 3, 1675, p. 326, trad. Städel Museum.
Rembrandt van Rijn, Autoportrait au chapeau à bord souple et au manteau brodé, 1631, eau-forte avec touches de pointe sèche sur papier vergé, 14,8 × 13 cm, Fitzwilliam Museum, Cambridge
Rembrandt van Rijn, Self- Autoportrait au chapeau à bord souple et au manteau brodé, 1631, eau-forte sur papier vergé, 14,7 × 13,1 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Pieter Codde, Connaisseurs visitant un atelier d’artiste, v. 1630, huile sur panneau, 38,3 × 49,3 cm, Staatsgalerie Stuttgart, Acquis avec des fonds de loterie en 1976, Photo: bpk Bildagentur / Staatsgalerie Stuttgart / Art Resource, N. Y.
Job Adriaensz Berckheyde, L’hôtel de ville d’Amsterdam, v. 1675–1680, huile sur toile, 62,2 × 52,8 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, CC BY-SA 4.0 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Nicolaes Eliasz Pickenoy, Portrait d’homme, 1628, huile sur toile, 196 × 126 cm, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
Rembrandt van Rijn, Portrait d’un homme debout (Andries de Graeff), 1639, huile sur toile, 199 × 123,5 cm, Museumslandschaft Hessen Kassel, Gemäldegalerie Alte Meister, Cassel, Photo: Ute Brunzel / Gemäldegalerie Alte Meister, Museumslandschaft Hessen Kassel / Art Resource, N. Y.
Rembrandt van Rijn, Loth ivre, v. 1630–1633, pierre noire et craie blanche, traces de sanguine, avec lavis, sur papier vergé, 25,3 × 18,9 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, CC BY-SA 4.0 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Rembrandt van Rijn, Nature morte aux paons, v. 1639, huile sur toile, 145 cm × 135,5 cm, Rijksmuseum, Amsterdam, Photo: Rijksmuseum
François van den Hoeye, Vue panoramique d’Amsterdam, v. 1620–25, eau-forte et burin sur trois feuilles de papier vergé, 24,3 × 122,4 cm, Rijksmuseum, Amsterdam, Photo : Rijksmuseum
Gerbrand van den Eeckhout, Portrait d’Isaac Commelin, 1669, huile sur toile, 70,7 × 55,6 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, © Städel Museum, Frankfurt am Main, Photo: U. Edelmann
Filip von Zesen, Plan d’Amsterdam, 1664, gravure au burin sur papier vergé, 24,1 × 46,2 cm, illustration tirée de: Filip von Zesen, Beschreibung der Stadt Amsterdam, Amsterdam, Noschen, 1664, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Marcus Willemsz Doornik, frontispiece, illustration tirée de: Tobias van Domselaer, Isaac Commelin, et al., Beschryvinge van Amsterdam [Description d’Amsterdam], Amsterdam, 1665, Rijksmuseum Research Library (Sign. 329 D 6)
Rembrandt van Rijn, Deux Africains, 1661, huile sur toile, 77,8 × 64,4 cm, Mauritshuis, La Haye
Rembrandt van Rijn, Étude d’un homme noir, v. 1650, craie noire et encre, 9,6 × 8,4 cm, Amsterdam Museum, Amsterdam
Zeeman (Reinier Nooms), Vue du port d’Amsterdam, v. 1643–1664, huile sur toile, 61,9 × 77,2 cm, High Museum of Art, Atlanta, Don de la Walter and Frances Bunzl Foundation, 1991.300.
Rembrandt van Rijn, Tobie et Anna avec le chevreau (recto/verso), 1645, huile sur panneau, 20,2 × 28 cm, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie, Berlin, © Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie / Christoph Schmidt
Rembrandt van Rijn, Portrait d’Abraham Francen, v. 1647 – 1667, eau-forte, burin et pointe sèche sur papier asiatique, 15,9 x 21 cm, Musée de la Maison Rembrandt, Amsterdam, Copyright Museum Het Rembrandthuis © 2020
Le cabinet de curiosités du Musée de la Maison Rembrandt, Amsterdam, Photo: © KIRSTENVANSANTEN
Jeton de funérailles de Rembrandt (recto/verso), 1634, laiton, 2,8 cm (diamètre), Musée de la Maison Rembrandt, Amsterdam, Photo: Musée de la Maison Rembrandt
Jan van der Straet, Color Olivi (L’invention de la peinture à l’huile), planche 14 dans Nova Reperta (Nouvelles inventions des temps modernes), v. 1591, estampe sur papier vergé, 23 × 29,7 cm, Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Kupferstich-Kabinett, Dresden, © Kupferstich-Kabinett, SKD, Inv.-Nr. A 44995, Photo: Andreas Diesend
Rembrandt van Rijn, Autoportrait appuyé sur un rebord de pierre, 1639, eau-forte sur papier vergé, 20,6 × 16,3 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa / Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, CC BY-SA 4.0 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Ferdinand Bol, Autoportrait, 1642, eau-forte sur papier vergé, 13,7 × 11,2 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Ferdinand Bol, v. 1647, huile sur toile, 97,5 × 77,5 cm, Michele and Donald D’Amour Museum of Fine Arts, Springfield, The James Philip Gray Collection, Photography by David Stansbury // Photography Credit: The James Phillip Gray Collection
Rembrandt van Rijn, Tronie d’un homme avec un béret à plumes, v. 1635–1640, huile sur panneau, 62,5 × 47 cm, Mauritshuis, La Haye
Wallerant Vaillant, Autoportrait au casque, v. 1655, huile sur toile, 63,7 × 57,7 cm, Niedersächsisches Landesmuseum, Hanovre, © Landesmuseum Hannover – ARTOTHEK
Pieter Lastman, Abraham renvoyant Agar et Ismaël, 1612, huile sur panneau, 48,3 × 71,4 cm, Hamburger Kunsthalle, Hambourg, Photo: bpk Bildagentur / Hamburger Kunsthalle / Elke Walford / Art Resource, N. Y.
Rembrandt van Rijn, Abraham renvoyant Agar et Ismaël, v. 1637, pierre noire sur papier vergé, 19,2 × 15 cm, Albertina, Vienne, Photo: Albertina Museum, © Albertina, Wien
Rembrandt van Rijn, Abraham renvoyant Agar et Ismaël, 1637, eau-forte et pointe sèche sur papier vergé, 12,6 × 9,5 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Barnet Fabritius, Abraham renvoyant Agar et Ismaël, v. 1650–1660, huile sur toile, 109,9 × 109,9 cm, Fine Arts Museums of San Francisco, Don anonyme, Image avec l’autorisation de Fine Arts Museums of San Francisco
Govert Flinck, Abraham renvoyant Agar et Ismaël, v. 1642, huile sur toile, 110,7 × 138,8 cm, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie, Berlin, Photo: bpk Bildagentur / Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin / Jörg P. Anders / Art Resource, N. Y.
Atelier de Rembrandt attribué à Carel Fabritius, 1622–1654, Jeune fille au balai, v. 1646/1648–1651, huile sur toile, 107,3 × 91,4 cm, National Gallery of Art, Washington, Andrew W. Mellon Collection, Photo: Avec l’autorisation de la National Gallery of Art
Rembrandt van Rijn, Autoportrait gravant près d’une fenêtre, 1648, eau-forte, burin et pointe sèche sur papier vergé, 15,6 × 12,9 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, CC BY-SA 4.0 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Rembrandt van Rijn, L'Annonciation aux bergers, 1634, eau-forte, burin et pointe sèche, 26,1 x 21,9 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, © Städel Museum, Frankfurt am Main, Photo: U. Edelmann
Rembrandt van Rijn, Le Christ prêchant (La pièce aux cent florins), v. 1648, eau-forte, burin et pointe sèche sur papier bible, collé sur papier asiatique, 27,7 × 38,9 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa / Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Paulus Pontius (d’après Pierre Paul Rubens), Buste de Socrate, 1638, estampe, 31,1 × 21,3 cm, Rijksmuseum, Amsterdam, Photo: Rijksmuseum
Joachim von Sandrart, Buste d’Homère, v. 1629–1635, sanguine et craie noire, avec rehauts de blanc sur papier vergé, 39,9 × 27 cm, Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Kupferstich-Kabinett, Dresden, © Kupferstich-Kabinett, SKD, Inv.-Nr. C 1963-1973, Photo: Andreas Diesend
Marcantonio Raimondi (d’après Raphaël), La peste de Phrygie (Il Morbetto), 1515–1516, gravure au burin sur papier vergé, 19,8 × 25,5 cm, Rijksmuseum, Amsterdam, Photo: Rijksmuseum
Rembrandt van Rijn, Planche du portrait à l’eau-forte de Clement de Jonghe, 1651, cuivre, 21 × 16,5 cm, Amsterdam Museum, Amsterdam, Acheté grâce à l’appui de la Vereniging Rembrandt, Photo: Amsterdam Museum
Rembrandt van Rijn, Portrait de Clement de Jonghe, 1651, eau-forte, burin et pointe sèche sur papier vergé, premier étant, 20,7 × 16,1 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main/ Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Rembrandt van Rijn, Héroïne de l’Ancien Testament, 1632/1633, huile sur toile, 109,2 × 94,4 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, Photo: MBAC
Rembrandt van Rijn, Judith au banquet d’Holopherne (anciennement Artémise), 1634, huile sur toile, 143 × 154,7 cm, Museo Nacional del Prado, Madrid, Photo: © Museo Nacional del Prado, Madrid
Rembrandt van Rijn, David jouant de la harpe devant Saül, v. 1630–1631, huile sur panneau, 62 × 50,1 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, © Städel Museum, Frankfurt am Main, Photo: U. Edelmann
Rembrandt van Rijn, L’aveuglement de Samson, 1636, huile sur toile, 219,3 × 305 cm, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, CC BY-SA 4.0 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Kris, fait à Java, XVe–XVIIe siècles, métal, 8,5 × 47 × 3,7 cm, The British Museum, Londres, © The Trustees of the British Museum, CC BY-NC-SA 4.0
Soldat apportant la tête d’un ennemi tué au Vizir, illustration tirée de: Livre des costumes de Rålamb, 1658, Swedish National Library, Stockholm
Pierre Paul Rubens, Prométhée enchaîné, v. 1611–1618, huile sur toile, 242,6 × 209,6 cm, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, Acheté grâce au W.P. Wilstach Fund, 1950, Photo: The Philadelphia Museum of Art / Art Resource, N. Y.
Groupe de statues Laocoön, photographié avant 1906, Athanodore, Agesandre et Polidore de Rhodes, Laocoön et ses fils, 40–30 EC, marbre, 208 × 163 × 112 cm, Musées du Vatican, Cité du Vatican
Rembrandt van Rijn, Les trois arbres, 1643, eau-forte, burin et pointe sèche sur papier vergé, 21,3 × 28 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa / Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, CC BY-SA 4.0 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
Rembrandt van Rijn, Paysage avec un pont de pierre, v. 1638, huile sur panneau, 29,5 × 42,5 cm, Rijksmuseum, Amsterdam, Acheté grâce à l’appui de la Vereniging Rembrandt et d’A. Bredius, Amsterdam, Photo: Rijksmuseum
Jan Asselijn, Vue sur le Tibre avec le Ponte Molle au coucher du Soleil, v. 1650, huile sur toile, 41,2 × 54 cm, National Gallery of Art, Washington, Florian Carr Fund, New Century Fund et Nell and Robert Weidenhammer Fund, Photo: Avec l’autorisation de la National Gallery of Art
Rembrandt van Rijn, Diane au bain, avec Actéon et Callisto, 1634, huile sur toile, 73,5 × 93,5 cm, Bildersammlung der Fürsten zu Salm, Wasserburg Anholt, Isselburg Copyright: Wasserburg Anholt
Jacob van Loo, Diane et ses nymphes, 1654, huile sur toile, 99,5 × 135,5 cm, Statens Museum for Kunst, Copenhague
Vénus de Médicis, Ier siècle AEC, marbre, 151 × 42 × 56 cm, Musée des Offices, Florence
Rembrandt van Rijn, Satire de la critique d’art, 1644, plume et encre, correction en blanc, sur papier vergé, 15,5 × 20,1 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York, Robert Lehman Collection, 1975, Photo: © The Metropolitan Museum of Art, Source de l’image: Art Resource, N. Y.
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